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Jacob Collier

Jazz — Le 8 février à La Cigale

A quoi bon interdire aux enfants de jouer avec des allumettes ? Quoi qu’il joue ou gratte, ce jeune pyromane londonien ne jure que par le terme de fusion pour mettre le feu sur scène. Fusion comme son jazz buissonnier, vagabond ; fusion comme sa propension à transformer la matière… musicale. Jazz, soul, gospel, trip hop, pop, musiques classique, brésilienne… Bonne chance à qui se piquera de coller une étiquette à cet OMNI (objet musical non identifié).
Plus qu’un orfèvre du jazz no format, non formaté, Collier est un génial touche-à-tout, un multi-instrumentiste inventif - donnez-lui une fourchette, il vous compose une symphonie ! -, qui s’affranchit des partitions. A l’occasion, Jacob bricole, comme cet étonnant dispositif clavier-vocodeur conçu avec le MIT, qu’il présenta au Montreux Jazz Festival en 2016. On a beau être un jeune adulte (24 ans), rien n’empêche de jouer aux legos. Chez Jacob, pas besoin de manuel d’assemblage : son premier album, In my Room (2016) est un subtil collage de sons et d’instruments (tous joués par le prodige), de pistes en re-re qu’il tord et juxtapose à sa guise, comme ses jeux de voix et de chœurs sur le titre bien nommé "Fascinating Rhythm". Jacob s’amuse comme un fou sans jamais perdre de vue ses thèmes rythmiques et mélodiques, contrairement aux bidouilleurs du dimanche qui confondent mathématiques appliquées et musicalité.
Fils d’une violoniste et chef d’orchestre à l’Académie Royale de Musique de Londres, biberonnant aussi bien Bach que Bobby McFerrin, Jacob commence à pianoter à l’âge de deux-trois ans, avant de se passionner pour les percussions sur le mobilier de la maison. Le gamin apprend la musique en même temps que le langage. Pas de conservatoire, trop rasoir, première compo à l’âge de sept ans, première vidéo mise en ligne sur Youtube à l’adolescence, "au micro et logiciel Logic, mon instrument le plus important", admet-il, premier carton avec sa reprise hallucinante de "Isn’t She Lovely" de Stevie Wonder, dans laquelle il dépoussière l’art de la vocalese des Double Six… Le one-man-band se joue des répertoires comme des époques. Depuis ses débuts, il glane les récompenses, dont deux Grammy Awards en 2017, pendant que ses ex-camarades de classe enfile les perles et les pintes de bière. Les dinosaures du jazz ne s’y sont pas trompés : de Quincy Jones à Chick Corea, en passant par Herbie Hancock, en passant par Pat Metheny, Snarky Puppy, Steve Vai et bien d’autres, tous sont tombés sous le charme de ce "nouveau messe du jazz", comme le qualifiait The Guardian en 2015. Comme eux, ne ratez pas les chants d’une autre Cigale.

—  Ben

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Jacob Collier Djesse

08/02/2019  –  La Cigale Paris 18

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