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Découverte

Lillie Mae

Country punk lady

Jack White a toujours eu du nez et un flair certain pour polir les pépites, ces jeunes loups dépoussiérant les vieilles chansons du grand songbook américain, les nouveaux esthètes de l’Ol’time music. C’est le cas de la jeune Lillie Mae, qu’il embaucha comme violoniste avant de la produire sur son fameux label Third Man Records. La chanteuse et multi-instrumentiste de Nashville ne pouvait rêver meilleur Pygmalion pour réaliser son nouvel album, Forever & the Some (ADA/Warner), sorti confidentiellement en France fin avril.
Née dans l'Illinois mais élevée sur la route par son musicien de père, Forrest Carter Rische, Lillie traverse les Etats-Unis en camping-car et apprend le métier sur scène avec ses quatre frangins au sein du Forrest Carter Family Band. Les Rische Five, surtout Lillie âgée de neuf ans, tapent dans l’œil de la légende la country, Cowboy Jack Clement. La fratrie forme son propre groupe, The Risches, les poches toujours aussi vides mais des idées de fusion bluegrass-country-pop plein les gig-bags. Renommés Jypsi, ils se taillent une jolie réputation dans les salles du midwest en dépoussiérant les refrains redneck. Parfois trop selon les gardiens du temple country, à l’image de certains titres de leur premier album éponyme. En 2012, Lillie Mae intègre le groupe de Jack White, les Peacocks, au violon, à la mandoline et au chœur. Cordes sensibles mais pas fleur bleue, la mini Mae, qui compose parallèlement ses propres chansons, dans lesquelles elle raconte sa vie d’enfant de la balle : "Si les chansons ne font pas un peu mal, quel intérêt ?", avoue-t-elle dans une interview accordée au magazine américain Rolling Stones. Sous le charme, Jack décide de lui donner sa chance, un simple galop d’essai qui va se transformer en un album : "Nous pensions commencer avec trois chansons, pour voir ce que cela pouvait donner, explique-t-elle, mais après avoir mis en boîte le troisième titre, Jack me fait : "Tu n’en n’as pas une autre ?".
Pour son premier véritable album, la musicienne convoque, entre autres, son frère Franck (guitare), ses sœurs Scarlett (mandoline) et McKenna Grace (chœur), le joueur de banjo Ian Craft (The Howlin’ Brothers) et Cory Younts, le pianiste du Old Crow Medicine Show. Un big band d’instruments traditionnels, des cordes encore et toujours, rien de révolutionnaire sur le papier, mais des canevas mélodiques plus fouillés et dissonants que dans les sucreries country habituelles. Une pépite que tout le monde s’arrache, la grande Lillie faisant les premières parties cet été des concerts de Ben Harper & The Innocent Criminels et de Pokey Lafarge. Un conte de fée country.

—  Youri

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