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Découverte

Manu Louis

Joyeux et mélancolique, Manu Louis mène la danse sur la piste aux étoiles.

Sinatra, un jardinier et une troupe de forains ren­trent dans un bar… Ne cherchez pas la chute de cette bonne blague belge, il s’agit là de l’univers joyeusement bordélique de Manu Louis, compositeur, multi-instrumentiste et chanteur d’outre-Quiévrain. Les multiples casquettes d’un artiste aux multiples projets : du groupe de jazz fusion Funk Sinatra à la composition pour orchestre à cordes en passant par la musique pour jardin de son Gardening Group, Manu Louis effectue désormais son premier tour de piste en solo, prenant la route avec son nouvel album, Kermesse Machine (Iglectic/Igloo Records). Un patchwork d’objets loufoques sur la pochette (surprise), avec force couleurs flashy qui donneraient le vertige à un caméléon adulte, pour une esthétique musicale à base de "synthés, trompettes et pêche aux canards", voilà qui promet une kermesse éthylique. Bon Dieu ! Tout au long de cet album tourbillon, Manu Louis joue les équilibristes entre pop (ou pot) belge au kitsch assumé et électro entêtante, cuivres luxuriants et synthés bon marché, faisant le grand écart entre cercles hipster et cirque Pinder. Un faux clown le Manu, lui qui a composé de la musique de chambre. La sienne n’est pas rangée, il y a là, en vrac, "une montagne de plastique jonchant les rues un lendemain de fête, un marching-band tropical digital, un homme qui donne tout ce qu'il a au karaoké car il n'y a plus d'autres endroits où chanter, un Gitan virtuose qui joue du synthé avec un son de trompette", détaille le compositeur. Seul sur scène, au milieu de projections vidéo et de son "village d’instruments électroniques", Manu a tourné en Asie et dans les grandes capitales européennes pour répandre sa pop expérimentale, acrobatique et déjantée comme une musique de stand de hot-dogs entendue depuis un grand-huit. Il y a pourtant sous l’humour et la légèreté apparente, des thématiques plus troublantes, au détour d’une chanson piano/voix, qui tranche avec le reste de l’album, étranges dialogues de machines, tubas, cors et percussions. Joyeux et mélancolique, Manu le Monsieur Loyal mène la danse sur la piste aux étoiles.

—  Justine Souabe

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