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Marcel Salem

World — le 4 février au Zèbre de Belleville

Marcel comme tout Sérère est fils de la terre. Petit, il creuse, fouille, bêche, sème et récolte tomates et maïs qu’il va vendre après l’hivernage à Thiès. Cultivateurs descendants des Falashas, la famille est catholique dès le XIXe siècle, dans la lignée du séminaire de Ngazobil. Le père de Marcel, qui voulait être prêtre, chante à l’église de Mont-Rolland et berce son fils en latin. Il lui transmet un credo qui ne quittera jamais Marcel : « tant que tu vis, tu peux apprendre ». Alors Marcel part explorer le monde, quittant ses collines verdoyantes et la source sacrée de Mont-Rolland, asséchée par la main de l’homme. L’école de la vie. Ménage, vendeur de riz, de fagots, vitrier, mécanicien… : tous les travaux sont bons pour remplir la « boîte condamnée » où Marcel garde des économies pour les siens. La sueur de son front perle. Marcel est un nerveux pratiquant : il ne supporte pas l’injustice, prend la défense des faibles à chaque occasion. Il découvre la célébrité en devenant boxeur professionnel mais aussi les pratiques douteuses de ce milieu qui le laisse sans un sou en poche. Ecoeuré, il poursuit son périple sur les routes d’Afrique de l’Ouest (Ghana, Togo, Bénin, Cameroun, Nigéria…) Là, Marcel Salem fait la rencontre choc de Fela qui marquera sa musique. C’est en Côte d’Ivoire que Marcel a acheté sa première guitare. Autodidacte, il griffonne en secret des cahiers entiers de paroles. Après 12 ans d’aventure, retour au Sénégal, sa boîte condamnée vide, mais la tête remplie de textes et de sons. Le reggae sera son mode d’expression. Parce qu’après une épopée sous le signe de la faim, on est forcément révolutionnaire. La musique de Peter Tosh l’influence, plus complexe avec ses changements de gamme que celle de Marley. Sentimental aux goûts éclectiques, Marcel puise son inspiration de BB King en passant par Bob Dylan et Nina Simone. Il met surtout un point d’honneur à revisiter les rythmes traditionnels du Ndut et à chanter en sérère.

Marcel Salem – En trois albums
Carroy 44, premier album de Marcel Salem sorti en 2006, danse au son du mblim. Le roots reggae s’africanise. Les cuivres sonnent comme des anges qui arrivent du ciel. Des textes écrits à l’encre d’une double ferveur, chrétienne et rurale. Salem s’adresse aux nouvelles générations et signe avec Baapa un appel au retour à la terre et à la solidarité entre génération. Aana Sow chante la gratitude aux frères croisés sur son chemin. Carroy 44 rend hommage aux tirailleurs sénégalais…

Le deuxième album de Marcel Salem, Africa Vigilance, composé sous la fraîcheur d’un baobab et sorti en 2008, se nourrit de tradition africaine. La douceur de la kora se mêle au cri d’alarme de Salem qui pleure un continent malade, dénonce l’hypocrisie des dirigeants et la culture de la haine.

Le 9 décembre 2016, Marcel Salem sort Les Charognards, son album le plus roots reggae, même s’il a coupé ses dreads ! Les charognards dénonce les systèmes dynastiques du « Père-Fils-Pouvoir », pointe du doigt l’injustice envers les populations pauvres d’Afrique. Salem se nourrit des sons du pays natal pour honorer les anciens, appeler à la préservation du patrimoine sérère, mettre en garde contre la désertion des paysans et louer la richesse de la terre.

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Marcel Salem

04/02/2017  –  Le Zèbre de Belleville Paris 11

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