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Inspecteur Lylo

The Cuckoo Sisters

Les Cocottes sortent les calibres

"Parce qu’il fallait rappeler aux gars que le hillbilly, c’est une affaire de femmes !" Voilà pour les présentations des Cuckoo Sisters, qui se produisaient le 16 mars au Petit Garage, un café-concerts de la rue Jean-Pierre Timbaud, fief des vieilles guimbardes. Deux sisters et un brother pour l’occasion ; un banjo, un ukulélé et un fiddle (violon dans le jargon des musiques traditionnelles nord-américaines) pour une plongée dans l’Ol’time music, le bluegrass et toutes les chansons des années 30, avec force hommages aux Cackle Sisters, à Samantha Bumgarner, pionnière du banjo hillbilly, à la Carter Family et aux bands sans bonhommes. Autoproclamé "seul all-girls hillbilly string band de Paris", les frangines anti-pendules ne donnent pas dans la ficelle mais les jupes longues et les cordes acoustiques. Pin-up mode Paname pour des vols en rase-motte au-dessus d’autres nids de coucou.
Au Petit Garage, ça sent bon le jazz de salon, les effluves de whisky et de houblon, Paris se met à l’heure des honky tonks. Ça fleure bon les plaines grasses du midwest et les refrains redneck, les Etats-Unis de Donald, le canard pas le canardeur. A la manière du célèbre ethno-musicologue Alan Lomax, les Cuckoo Sisters interrogent les States en chanson, tournant les pages du grand songbook américain au fil de leurs plages musicales.
Au ukulélé et au chant principal, la sirène à chignon et voix haut perchée, Dédé Macchabé - également connue sous le pseudo de Pantruche Poulette dans les boudoirs ukulélé et illustratrice de joyeux monstres entre deux gigs -, pour-rait sortir tout droit d’un jukebox dans années 30. Dédé a inventé la machine à voyager dans le temps et les tempos. Les shuffles s’enchaînent à la vitesse d’un rodéo, pauses gospel en guise d’apéros entre les descentes de violon presto… Calamity Janes des temps modernes, les Cuckoo Sisters démontrent qu’elles manient tout aussi bien la gâchette que les cowboys. Et dire qu’à l’époque, comme aujourd’hui certains troquets français qui font tristement l’actualité, on leur refusait l’entrée des lieux musicaux… Pas de ça au Petit Garage, où l’on s’entiche des belles Américaines et des Betty roots.

—  Milo Green

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