Pianiste exigeante et d’une rare sensibilité, Mitsuko Uchida nous entraîne dans les méandres des sonates de Schubert, un de ses répertoires de prédilection, de la faussement modeste D 537 au voyage au long cours de la toute dernière.

Parmi les « petites » sonates de Schubert, celle en la mineur D 537 se distingue par une certaine ampleur. La force de ses accents, la densité de ses accords, la grâce de son mouvement lent - d’où jaillit un trio mystérieusement dramatique -, annoncent les monuments à venir, telle l’ultime Sonate D 960 en si bémol majeur,  immense voyage, dont l’ineffable Andante sostenuto représente à coup sur le cœur. Le piquant Scherzo et l’ultime volet, qui confine à l’épopée, achèvent de faire de cette œuvre une cosmogonie sonore. Entre les deux, une des créations les plus énigmatiques du compositeur, cette Sonate D 840 « Reliquie » qui surgit, tel un bloc de granit massif et intimidant, et que Schubert laissera inachevée.

Lieu : Grande salle Pierre Boulez - Philharmonie