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Billet

GiedRé : Polypes-phonies

Inspecteur Lylo : À chaque numéro, la rédaction envoie son enquêteur de choc sur le terrain.

J'ai hésité à me rendre au concert de GiedRé, à la Nouvelle Sèine. Le côté "Rire & Chansons" peut-être. Ou la honte de mimer des petits anus avec les doigts, signes de ralliement des fans de la belle blonde parisienne, originaire de Vilnius. En chemin, une question me taraude : la musique a-t-elle sa place dans ce one-woman-show ? Sa tournée, pardon sa "tournante", s'intitule "Lalala", du nom de son dernier album. Ça en dit long sur l’artiste. A vrai dire, on va voir GiedRé pour d'autres plaisirs, ou plutôt les maux qu'on n'ose pas formuler en société.

Depuis cinq ans qu'elle auto-produit ses comptines corrosives, l'angélique scatophile a ringardisé Bigard, qui ne sait désormais plus où mettre le paquet. Chacun de ses albums est une galerie de paumés, voire des horreurs : il y est question de nains pornophiles, de culs-de-jatte, de sodomies, de faire pipi debout et caca un peu partout. Provoc, GiedRé ? Non, cette fan de George Carlin - sorte de Cavada américain, animateur de l'émission Saturday Night Live et et auteur du célèbre sketch "Seven dirty words" sur les sept mots vulgaires interdits à la télé - ne fait que chanter la violence du monde réel. Elle n'invente rien, elle ne fait que ramasser la merde pour la mettre en musique. Philosophe, elle cite le poète antique Térence : "Je suis un homme, et rien de ce qui est humain m'est étranger".
Trash, désopilante et plus subversive qu'il n'y paraît, GiedRé, guitare à la main ou drapée dans du PQ, bouscules les bienséances. Mieux, elle désinhibe : entre trois rigolades, me voilà en train de lancer en l’air de mignons petits anus, comme s’il s‘agissait de confettis. A côté de moi, un type semble circonspect - un terme qui donnerait lieu à force blagues dans l'assemblée -, il doit se demander s'il n'est pas tombé dans un épisode des Deschiens. Je lui enverrais bien un petit trou de balle amical, mais je crains une réaction violente. N'est pas GiedRé qui veut.

En concert le 8 mars au Café de la Danse

—  Youri

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