Derrière chaque grand homme, il y a une femme. Chez Nick Drake, elle s’appelle Molly, et c’est sa maman. On avait découvert sur une compilation « family tree » que Nick Drake enregistrait ses démos sur un enregistreur familial, démos qui furent tellement piratées que la famille a finalement décidé de les publier pour de bon. A la fin, on découvrait « Do you remember », titre composé et enresgistré par madame mère, et on en restait baba. Bonne nouvelle : Squirrel Thing Rec. édite aujourd’hui les bandes enregistrées à la maison, dans les années 50. Il s’agit de chansons piano-voix, fragiles, avec ce qu’il faut de petites imperfections techniques pour les rendre immédiatement cultes. C’est peu dire qu’on comprend à l’écoute de ces chansons touchantes, doucement mélancoliques, et nimbées d’un charme surrané (un nuage de lait dans le thé de 17 heures) à quel point les œuvres maternelles ont pu influencer le futur auteur des albums « Five Leaves left », « Bryter Later » et « Pink Moon ». Drake a bu le lait de la tendresse humaine et le talent au sein de sa maman. Un disque émouvant à plus d’un titre, puisque c’est le premier et dernier que sortira jamais Molly Drake.

—  Jean-Marc Grosdemouge