Les chanceux qui avaient eu l'occasion de les découvrir en 2015 aux Primeurs de Massy en étaient restés coi, interloqués et pantelants. Originaire du pays du matin calme, ce combo n'a pourtant rien de calme lorsqu'il s'agit de déployer des morceaux d'un rock épique et parfois brutal, bien éloigné des clichés « teenage » de la K-Pop. Associant avec virtuosité instruments traditionnels (notamment le haegum, une sorte de violon à deux cordes et le geomungo, plus proche de la cithare) à la base instrumentale rock occidentale (guitare, basse, batterie), les Jambinai nous emportent dans des odyssées sonores où le folklore coréen explose dans des déflagrations noise ou métal. Leur gout prononcé pour les morceaux progressifs, évoluant par strates et ruptures jusqu'à d'irrésistibles envolées où l'électricité devient fournaise, les rapproche de cette scène post-rock incarnée par les Mogwaï ou autres Godspeed You Black Emperor. Ils nous éblouissent cependant par leur travail méticuleux sur les nuances, des titres qui frappent là où ça fait mal ou encore une attention particulière à ne pas faire de ces instruments coréens traditionnels de simples faire-valoir clinquants. Jambinai souffle le feu, et il n'est pas prêt de s'éteindre.