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Disque

Cabadzi "Des angles et des épines"

Leur précédent album Digère et recrache était très bon. On avait même eu la chance d’entendre certains titres sur les ondes, notamment le remarquable Lâchons-les.

On retrouve dans Des angles et des épines les ingrédients qui nous avaient déjà séduits. La rencontre du hip hop et du beatbox avec des instruments classiques (cuivres et cordes) fonctionne toujours aussi bien. Et surtout, le projet n’a absolument rien perdu de sa fougue, et a probablement encore gagné en cohérence. De la richesse de la composition musicale à la sincérité du propos et de la démarche, jusqu’à la tracklist narrative, aucun détail n’est laissé au hasard. Sans oublier l’objet lui-même, puisque l’album contient de belles surprises.

Les textes d’Olivier Garnier (“Lulu”) sont rageurs et sombres. Âpres, scandés avec une certaine urgence, ils heurtent de plein fouet. Directs et efficaces comme un coup de poing, celui qui réveille et fait du bien. Cabadzi ne fait ni vraiment du hip hop, ni vraiment de la chanson, ni même du slam. Cabadzi fait de la poésie ; ce genre de poésie exaltée et contestataire, qui ne rentre pas dans les cases, qui vient du fond de l’intime et qui prend aux tripes. Et il faut bien le dire, le groupe excelle dans ce domaine.

L’album dépeint la violence et la vacuité d’une société moderne à travers les différentes facettes d’un personnage, qui d’ailleurs pourrait bien être n’importe lequel d’entre nous, tiraillé entre différents sentiments enfouis. Il met en scène un certain mal-être, celui que l’on a pris l’habitude de taire. Mais Des angles et des épines n’est pas un album pessimiste. On l’écoute comme on prendrait un remède un peu amer, qui agit là où ça fait mal, pour être finalement libérateur.

Certaines chansons sont presque hypnotiques et résonnent encore longtemps après les avoir écoutées, comme Cent fois avec son refrain sifflé et entêtant. D’autres, comme L’odeur, troublent par la force des paroles, acérées et parfois dérangeantes. L’album finit en apothéose avec un morceau de huit minutes, pour conclure sur ce texte magnifique D’en haut la ville est belle en bas. Conclure ? Enfin pas tout à fait, puisque deux bonus seront disponibles sur le site internet du groupe, deux “spin off” où l’on découvrira le personnage de l’album sous un autre angle.

—  Inès Boughzala

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